Dans une lettre de plusieurs pages adressée au Secrétaire général (SG) des Nations Unies (ONU), l’ex député de Delmas, Gary Bodeau sanctionné par le Canada pour son implication présumée dans le soutien du banditisme en Haïti, exprime sa consternation. L’ex-Vice-président de l’Assemblée Nationale n’a pas mis de gants pour fustiger le comportement des autorités canadiennes qui, dit-il, outrepassent leurs droits en l’accusant injustement. L’ancien Président de la chambre des députés n’a pas raté l’occasion de mettre lui aussi le Canada en accusation tout en invitant la communauté internationale de lui soutenir dans sa cause.
Les sanctionnés du Canada commencent à protester sérieusement contre la figuration de leurs noms sur la liste canadienne. Après M. Salim Souccar c’est le cas de Gary Bodeau de clamer son innocence. En effet, l’homme politique a écrit au secrétaire général de l’ONU pour faire valoir ses droits et dénoncer, du coup, une sorte de persécution politique dont il est victime. Dans cette correspondance il dit aviser le SG des visées autoritaires et des violations graves des droits humains orchestrées par le Gouvernement Canadien en Haïti en impliquant des coûts sociopolitiques exorbitants à des individus sans aucune preuve ni investigation transparente dans le cadre de sa politique étrangère inacceptable à travers laquelle il fait cavalier seul dans la famille des Nations Unies.
Selon Gary Bodeau, le Canada à ses responsabilités dans le pourrissement de la situation sécuritaire d’Haïti. Il rappelle toutes les démarches qu’il réalise auprès des dirigeants canadiens sur la question et toutes les positions publiques du Canada qui justifient ses décisions. L’ancien élu du parti Bouclier a fait mention aussi des décisions partisanes des canadiens dans les affaires politiques haïtiennes dont des déclarations publiques encourageant un camp politique au détriment d’autres candidats. Pour lui, les sanctions dont il est l’objet constituent une sorte d’agression à son encontre et une violation flagrante des principes fondamentaux du Droit.
” Le Gouvernement canadien me condamne sans appel. Sans le contradictoire. Sans que je puisse avoir connaissance des chefs d’accusation. Sans me donner l’occasion de me défendre. Sans un procès en bonne et due forme. Sans aucune procédure judiciaire autant que faire se peut. Sans jugement.
Le Gouvernement canadien utilise vis-à-vis de moi des méthodes courantes dans les États totalitaires et aux antipodes d’un État démocratique où prévaut les principes du Droit. La stratégie jusqu’au-boutiste, menée de façon solitaire et enfreignant les principes juridiques et les pratiques diplomatiques du Gouvernement canadien me laisse perplexe”, a écrit l’ancien législateur.
Il poursuit: ” Le Gouvernement canadien n’ajoute rien de plus comme, par exemple des raisons de croire fondées, légitimes, irréfutables, accablantes, non démenties.
Comme démontré, le Gouvernement canadien ne dispose d’aucun moyen concret et palpable pour soutenir cette sanction contre moi. Simplement, il « croit » et veut nous forcer « à croire ». Le Gouvernement Canadien procède de la sorte soit parce qu’il est certain d’avoir affaire à quelqu’un qui ne dispose pas des conditions ou d’envie de faire face à son attitude outrancière, soit parce qu’il a l’habitude de traiter Haïti à sa guise. Le Gouvernement Canadien se trompe”.
M. Bodeau souligne que ses sanctions, précise-t-il, infondées, ont de grands impacts sur sa vie non seulement il est obligé de disperser sa famille pour des raisons de sécurité mais, il est étiqueté d’agents, semeurs de troubles et de violences en Haïti. ” Je suis révolté comme élément du petit peuple qui a construit sa réputation et sa capitale sociale au prix de luttes et de sacrifices après beaucoup d’années de travail. Je suis également indigné d’être aussi vilipendé sans aucun élément de preuves. Comme dit l’expression connue de tous: je ne suis pas né avec une cuillère d’argent dans ma bouche. Donc, me détruire sur la base d’accusations non-fondées c’est détruire un récit d’un succès inspirant pour les jeunes et tuer l’espoir de toute une génération. Le Gouvernement Haïtien et les autorités judiciaires et /ou policières en Haïti n’ont aucune plainte contre moi dans mon pays. Je n’ai jamais été interpellé par la justice ni été en contravention avec la loi en Haïti ni dans aucun autre pays durant toute ma vie. À date, je ne connais pas le fondement des dispositions du Gouvernement Canadien ni ne suis en mesure de produire une défense valable”, regrette l’ex-député.
M. Bodeau conclut que le Canada ne veut que l’éliminer politiquement et socialement au profit d’autres acteurs plus favorables à ses intérêts en Haïti afin de l’empêcher de continuer à travailler pour, dit-il, le bien-être de ses compatriotes haïtiens. ” Aussi, fais-je appel à la communauté internationale, notamment les Nations Unies via son Conseil de Sécurité, et en général aux ONGs travaillant dans le champ des droits humains et à toutes les démocraties du monde pour soutenir mes efforts de justice. Il ne doit pas y avoir de doutes. Je poursuivrai mon combat sans relâche pour la vérité et pour que justice me soit rendue. Le proverbe « pot de fer contre pot de terre » ne va pas me ralentir dans ma quête de justice”, dit-il, en guise de conclusion.
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