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La scène politique en Haïti, déjà marquée par une instabilité chronique, est aujourd’hui plongée dans une crise profonde, alimentée par un bras de fer ouvert entre le Premier ministre Garry Conille et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Cette confrontation, motivée par des luttes de pouvoir, expose une fois de plus les failles d’un système politique en déroute, détournant l’attention des besoins cruciaux du pays en pleine crise humanitaire et sécuritaire.

D’après nos informations, une majorité de cinq membres sur les sept votants du CPT a signé une résolution pour destituer le Premier ministre Conille. Une décision qui pourrait sceller le sort de ce dernier. Cependant, deux conseillers influents, Laurent St Cyr et Edgard Leblanc, n’ont pas apposé leur signature sur ce document.

La friction entre le Premier ministre et le CPT s’est accentuée lorsqu’il a catégoriquement refusé toute proposition de remaniement ministériel. Selon lui, procéder à un tel changement sans évaluation préalable des ministres ne ferait qu’aggraver une crise déjà sévère. Dans une lettre adressée au président du CPT, Leslie Voltaire, Conille a souligné que ce n’est pas en remplaçant des ministres que le gouvernement pourrait résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire et de déplacement interne, qui touchent aujourd’hui des centaines de milliers d’Haïtiens. Cette position ferme fait de lui, selon certains, un Premier ministre en rébellion, déterminé à résister à toute manœuvre visant à diminuer son autorité.

Ce conflit ne révèle pas seulement les ambitions individuelles au sein du pouvoir, mais expose une bataille institutionnelle destructrice qui occulte les urgences du pays. D’un côté, la Primature, dirigée par Garry Conille, souhaite voir le CPT se dissoudre. De l’autre, le CPT cherche à destituer Conille, chacun ignorant les véritables problèmes qui minent Haïti. Alors que les deux branches de l’exécutif se querellent, le pays s’enfonce un peu plus dans le chaos.

Cette escalade a provoqué une vague de réactions dans l’opinion publique haïtienne. Le journaliste Robenson Geffrard a critiqué cette lutte de pouvoir en publiant sur son compte X : « Des gens appelés à apporter une solution à la crise, deviennent eux-mêmes une crise ! » Ce constat traduit le sentiment de frustration généralisé dans la société haïtienne, exaspérée par une élite politique incapable de s’unir face aux défis majeurs du pays.

De son côté, l’ancien Premier ministre Jean Michel Lapin a qualifié Conille de « Premier ministre en rébellion » lors d’une interview. Pour Lapin, le comportement de Conille est « inapproprié et non républicain », soulignant que ce genre de conflit interne est une dérive dans la gouvernance publique. À ses yeux, l’entêtement du Premier ministre, tout comme l’obsession du CPT pour récupérer certains ministères, constitue une honte pour un pays en proie à une crise sécuritaire et humanitaire.

La situation est d’autant plus alarmante qu’au sein du CPT, trois conseillers impliqués dans le scandale de la BNC refusent de démissionner malgré leur mise en examen. Les secteurs qu’ils représentent semblent incapables de les remplacer, illustrant un blocage institutionnel inédit et une crise de légitimité au sommet de l’État. Face à cela, le Premier ministre et plusieurs de ses ministres refusent désormais de participer aux conseils des ministres en leur présence, accentuant davantage la fracture au sein du pouvoir.

Alors que les responsables politiques sont absorbés par des luttes de pouvoir internes, le peuple haïtien continue de souffrir, laissé sans protection ni espoir de changement. La crise actuelle souligne l’ampleur de la déliquescence de l’État haïtien, où les querelles pour le contrôle des institutions prennent le pas sur le bien-être de la population.

La situation est d’autant plus tragique que les divisions internes semblent inextricables. Tandis que les Haïtiens font face à la faim, à la violence et à la pauvreté, leur gouvernement, censé incarner l’autorité et le leadership, est paralysé par ses propres dissensions.

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