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La justice haïtienne semble s’enliser dans un marasme d’influences et de compromissions qui décrédibilise ses engagements contre la corruption. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) monte au créneau pour dénoncer une nouvelle tentative d’étouffer un scandale de corruption impliquant trois Conseillers-présidents de la Banque Nationale de Crédit (BNC).

Dans une correspondance adressée au ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Patrick Pelissier, le RNDDH révèle que le commissaire du gouvernement près la Cour d’appel de Port-au-Prince, Claude Jean, s’apprêterait à demander, lors de l’audience prévue ce mercredi 15 janvier 2025, que le juge d’instruction Benjamin Félismé soit déclaré incompétent pour poursuivre ce dossier explosif. Une telle démarche, selon l’organisme, viserait à annuler le mandat de comparution émis contre les hauts dignitaires et à consacrer leur immunité présumée.

Cette initiative controversée n’est pas le fruit du hasard, dénonce le RNDDH. Elle intervient après trois réunions entre Claude Jean et les principaux accusés : Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles. Ces rencontres, loin d’être anodines, suscitent des soupçons de collusion et posent la question d’une justice à deux vitesses : l’une implacable pour les faibles et l’autre complaisante pour les puissants.

« Cette position révèle de manière flagrante qu’il n’existe aucune cohérence dans la politique pénale du gouvernement en matière de lutte contre la corruption », s’indigne le RNDDH, qui interpelle directement le ministre Pelissier sur l’absence d’une stratégie claire pour affronter ce fléau.

Le RNDDH rappelle également que le précédent commissaire du gouvernement, Lionel Constant Bourgouin, avait refusé de classer sans suite le dossier de la BNC. Son transfert précipité au parquet de Jacmel avait alors suscité des interrogations sur une éventuelle manœuvre politique destinée à faire taire un acteur gênant. Aujourd’hui, l’ombre d’une instrumentalisation politique du système judiciaire se confirme, renforçant l’impression d’une justice manipulée.

Haïti, signataire de la Convention des Nations Unies contre la corruption et de la Convention interaméricaine de lutte contre la corruption, trahit ses engagements en cédant à des pratiques d’exception. En détournant l’appareil judiciaire de son rôle, les autorités envoient un message alarmant à la communauté internationale et sapent un peu plus la crédibilité du pays.

Le RNDDH exhorte le ministre Patrick Pelissier à réagir fermement pour sauver ce qui reste de l’intégrité du système judiciaire haïtien. « Il est de votre responsabilité d’épargner le pays et le gouvernement actuel de l’opprobre, en tant que premier conseiller en matière de justice », insiste l’organisme.

Ce nouveau rebondissement illustre un problème systémique : la protection des élites au détriment de la lutte contre la corruption. En agissant ainsi, les institutions haïtiennes se décrédibilisent et participent à la consolidation d’un État de non-droit où les puissants échappent aux règles.

Le peuple haïtien, en quête d’une justice équitable et impartiale, reste le grand perdant de cette mascarade judiciaire. À l’heure où Haïti traverse une crise institutionnelle et économique sans précédent, ces pratiques ne font qu’aggraver la défiance envers un État déconnecté de ses responsabilités fondamentales.

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