Mardi 28 novembre 2017 ((rezonodwes.com))– Afin de restaurer l’écosystème de mangroves de St Jean du Sud/Abacou, le Ministère de l’Environnement, appuyé par l’ONU environnement/Haïti, a lancé le mardi 7 novembre 2017 des activités de transplantation de plantules de mangroves dans les zones endommagées. Pendant 15 jours, un total de 35 personnes (dont 8 femmes) vivant dans les zones tampons de cet écosystème doit transplanter plus de 85 000 plantules de palétuviers rouges pour remplacer les palétuviers noirs affectés. En effet, les palétuviers noirs ne supportant pas les forts taux de salinité ni l’humidité, ils se détériorent et meurent progressivement, phénomène d’autant plus aggravé par le passage de l’ouragan Matthew dans le Sud.
« Ce travail de transplantation des plantules de mangroves vers l’écosystème nous tient à cœur dans cette communauté », déclare Joseph Jean Sherlo, pécheur de Pointe Abacou. Il révèle avoir pris part à une séance de sensibilisation organisée par les techniciens du Ministère de l’Environnement, appuyés par l’équipe ceux de l’ONU environnement/Haïti, sur le rôle et l’importance des mangroves. « Non seulement cette activité nous permet de gagner quelques gourdes, mais elle nous offre aussi l’occasion de contribuer à la protection de notre communauté contre les éventuels impacts dévastateurs des marées montantes et la fuite des poissons », ajoute-t-il.
« C’est avec fierté et joie que je participe à cette activité de transplantation de mangroves », s’exclame Pierre Yvonne, mère de 6 enfants qui prennent part au repiquage. Elle soutient par ailleurs que cela lui a permis de trouver un petit travail pour aider ses enfants et contribuer à la protection de sa communauté.
Qu’est-ce que la mangrove ?
« La mangrove est un écosystème de marais maritime incluant un groupement végétal spécifique principalement ligneux et se développant dans la zone de balancement des marées, l’estran, des côtes basses des régions tropicales », explique Jonas Achilles, technicien travaillant pour la Direction départementale du Ministère de l’Environnement. Il poursuit pour faire comprendre que, dans toutes les mangroves, l’on rencontre des palétuviers qui sont des arbustes et des arbres qui tolèrent le sel et se développent dans les eaux tropicales côtières peu profondes. « Les palétuviers ont des racines spécifiques qui assurent la fixation de l’arbre dans le sol instable et boueux. Ainsi, les mangroves limitent l’érosion côtière et protègent les communautés des tempêtes tropicales », ajoute le technicien Achilles.
Pour pouvoir subvenir à leurs besoins, les riverains des communautés côtières coupent les mangroves, que ce soit pour la fabrication du charbon de bois ou pour leurs utilisations dans les travaux de construction. Ces communautés s’exposent ainsi aux effets néfastes des forts vents, des marées montantes et de la diminution de la faune aquatique. La réduction de la couverture de mangroves favorise de plus l’accumulation de sédiments qui aggravent le phénomène d’envasement des récifs coralliens et troublent les eaux, autant de conditions néfastes aux habitants des récifs, notamment les poissons.
Appui de l’ONU environnement/Haïti aux efforts du Ministère de l’Environnement
Depuis 2014, le Ministère de l’Environnement, avec le soutien de ses partenaires nationaux et internationaux et plus spécialement l’ONU environnement, plante et renforce l’écosystème des mangroves de différentes communes du département du Sud, notamment St Jean du Sud, Port-Salut, Roche-à-Bateaux et Coteaux.
En 2016, l’ONU environnement/Haïti a accompagné le Ministère de l’Environnement dans ses activités visant la réhabilitation et la protection de l’environnement à travers le Grand Sud. Toutefois, l’implication effective de l’ONU environnement dans la transplantation de palétuviers dans les espaces dénudés de l’écosystème de mangroves Abacou/St Jean du Sud a véritablement commencé tout de suite après le passage de l’Ouragan Matthew.
En janvier 2017, l’ONU environnement/Haïti a appuyé le Ministère de l’Environnement dans la réalisation d’une étude visant à déceler les menaces, les pressions et les contraintes que subissaient les écosystèmes de mangroves dans une zone de 127 947 ha située dans les communes de St Jean du Sud et Abacou. Les résultats ont révélé qu’une grande partie des espèces de mangroves blanches et noires avait été attaquée par les marées montantes. Suite aux résultats préoccupants de cette étude, l’ONU environnement/Haïti a soutenu le Ministère de l’Environnement dans la mise en place d’une pépinière de 100 000 plantules pour remplacer les mangroves affectées.
Photo : ONU environnement : Plantation de mangroves dans les zones endommagées de l’écosystème
Rôle de la mangrove
La mangrove forme une barrière entre l’océan violent et la côte fragile, en particulier durant le passage des ouragans qui peuvent provoquer une montée subite des eaux sur les rivages. Le système racinaire des palétuviers est efficace pour réduire la puissance des vagues. La mangrove est donc une excellente protection face aux tsunamis et aux ouragans et limite sensiblement les destructions occasionnées à l’arrière de cette zone. Par ailleurs, elle sert d’abri à différentes espèces : de nombreux oiseaux se reproduisent dans la mangrove, mais également des crabes, des mollusques, des crustacés et des poissons. Selon l’avis de certains spécialistes, la mangrove est un bon vecteur pour l’apiculture.
Enfin, la mangrove filtre et stabilise la sédimentation évitant aux récifs d’être recouverts de vase et donc de dépérir. Ses systèmes racinaires limitent également l’érosion côtière. L’écoulement des eaux des marées est ralenti sensiblement de sorte que les sédiments se déposent aux pieds des racines des palétuviers. On note aussi que ces trois éléments -mangrove, herbier et récifs- jouent un rôle dans le développement de la faune ; par conséquent, ils créent et maintiennent en vie leur propre environnement.