Bref rappel de l’histoire des partis politiques en Haiti! par le Comité de Suivi pour le financement et l`institutionnalisation des partis politiques (COSFIPP)
Lundi 4 décembre 2017 ((rezonodwes.com))– Si les premiers partis politiques haïtiens, le Parti Libéral avec la vision diamétralement opposée « le pouvoir aux plus capables » au Parti National, « le pouvoir au plus grand nombre » se sont battus à feu et à sang au 19e siècle pour la prise du pouvoir sans réellement lutter pour asseoir la démocratie ; il faut attendre 1915, pour voir la naissance du parti l’Union Patriotique qui se donnait pour mission de lutter contre l’Occupation américaine.
Jusqu’à la création de l’Union Patriotique en 1915, Haïti n’a connu aucune autre expérience de parti politique alors que l’on traversait de moments de troubles, de division et de guerre pour le pouvoir motivé par une élite et supporté par l’international chacun pour leurs intérêts respectifs. La fin de l’Occupation américaine(1934) va voir naître deux nouveaux partis, le Parti Communiste Haïtien (PCH) et le Parti Socialiste Haïtien (PSH) pour lutter contre les questions de couleur et de disparités sociales intensifiées par l’occupant.
Il faudra attendre les années 1950 pour voir le Mouvement Ouvrier Paysan (MOP), Parti Agricole et Industriel National (PAIN) et enfin le Parti Unité Nationale (PUN). Les élections de 1957 vont bouleverser le système politique haïtien. Les années 1970 vont voir naître des partis comme le Parti Démocrate Chrétien Haïtien (PDCH) et le Parti Social Chrétien Haïtien (PSCH) jusqu’à la chute de Duvalier en 1986. Delà, on va avoir un pullulement de partis politiques. De 14 partis et 2 regroupements (FNCD et ANDP) dans les années 1990, nous sommes passés à 127 partis et regroupements aux élections de 2015 et 2016.
En 2017, 14 partis politiques sont représentés au Sénat de la République (pour 29 Sénateurs), 25 partis à la Chambre des Députés et pour les collectivités inclusivement les mairies, les CASECS, les ASECS et les Délégués de villes, nous avons un total de 48 partis politiques et regroupement sur les 127 à avoir des élus. Exploits !!! Démocratie en marche !!! Démagogie !!!
Toutefois, il faut souligner une expérience intéressante des 30 dernières années : celle de la proximité du CRESFED18 et de l’Organisation Peuple en Lutte (OPL). Le CRESFED a beaucoup investi depuis 1986 dans la formation et la préparation d’agents du développement et l’OPL, dont beaucoup de ses hommes politiques sont de grands bénéficiaires de ces formations, a eu une grande influence sur le système politique haïtien pendant cette période.
Aujourd’hui, ce parti politique, très connu, compte des élus presque à tous les niveaux en dépit du faible financement et du comportement anarchique de certains élus. Nous dirions presque de même pour la FUSION des partis socio-démocrates qui est un regroupement de 3 partis politiques (PANPRA, KONAKOM et Ayiti Kapab) à orientation socialiste et membre de l’organisation social-démocratie internationale.
Ces deux expériences suggèrent qu’il faut non seulement des partis politiques, mais aussi des institutions d’accompagnement et de support au renforcement des partis. C’est l’une des voies pour l’institutionnalisation et le financement des partis politiques. Le financement est un facteur important, mais, si le support à l’institutionnalisation n’existe pas, on peut bien passer à côté.
Les mouvements populaires, organisations politiques et partis politiques L’éclatement des mouvements politiques d’avant 1986, par manque de partis politiques pour porter les revendications des masses populaires, a eu beaucoup d’influence sur le monde politique. Ils ont eu un grand succès politique avec les élections de 1990, considérées comme les premières élections démocratiques et populaires. La méfiance de la population dans les partis politiques est parmi les éléments expliquant le fourmillement des mouvements populaires depuis 1990.
Ainsi, Jean Baptiste Chenet soutient : « d‘une part la nécessité de renouveler l‘ordre politique agonisant reste incontournable en se penchant sur la question haïtienne ; d‘autre part, la recherche d‘un compromis devient indispensable entre les deux principales formes de représentation et d‘action collective existantes sur le terrain constituées par les mouvements populaires et les partis politiques. Le pays devra-t-il être amené à développer l‘expérience originale d‘une forme organisationnelle de Parti – Mouvements ? ».
Le décret électoral de 2015 autorise des organisations et partis politiques de se constituer en regroupements ou plateformes politiques (au moins 2 partis politiques légalement reconnus et un certain nombre d’organisations). Pour faire face à la réalité d’aujourd’hui, ces regroupements politiques
doivent continuer pour faciliter la consolidation du système sur des bases idéologiques.
COSFIPP