Au matin du 7 février 2018, le taux de chômage en Haïti est d’environ 40% et 125 sections communales ne détiennent toujours pas un centre de santé. Malgré l’étalage d’engins lourds achetés par l’Etat haïtien avec de l’argent des contribuables haitiens, des matériels sanitaires viennent encore à manquer dans nos hôpitaux dont certains exigent toujours des patients « maché ak twal gaz yo, pansman yo ou boutèy alkol yo… » Pour une population de 10.7 millions d’habitants, notre pays compte seulement 911 médecins contre 15170 en République Dominicaine, 3018 infirmières et 7375 lits d’hôpitaux, et les planifications du gouvernement tendent déjà vers le carnaval 2019. Avec ces chiffres, nos dirigeants peuvent-ils toujours s’enorgueillir d’avoir accompli des progrès depuis le 7 février 1986 ou encore durant ces 12 derniers mois ?

Port-au-Prince, mercredi 7 février 2018 ((rezonodwes.com)).- Même s’il faut considérer ces données statistiques avec toutes les précautions d’usage, elles donnent néanmoins à penser que le domaine de la santé en Haïti, est très malade.

Le manque de personnel de santé est l’une des principales faiblesses du système de santé haïtien, mais en plus de cette difficulté, le problème est venu avec la répartition inégale et injustifiée des ressources humaines, comme avait laissé entendre l’année dernière, le ministère de la Santé Publique et de la Population, relatant les faits dans un rapport statistique sur la situation sanitaire. Les données ont également démontré que 80% du personnel de santé s’établissent dans les villes au détriment de zones rurales habitées par 50% de la population.

Rezo Nòdwès, en parcourant les lignes de ce rapport, a constaté que 80% de la population haïtienne, sont sans une couverture d’assurance médicale. Cette situation qui fait monter au créneau les dominicains, emmène des femmes haïtiennes à se rendre de l’autre côté de la frontière pour se faire soigner, spécialement pour bien s’assurer de la venue au monde de leur progéniture.

Les autorités dominicaines ont mentionné dans un rapport publié le mois dernier que les dépenses en ce qui a trait aux assistances fournies aux femmes haïtiennes enceintes en 2017, venues accoucher dans leurs hôpitaux, atteignent le plafond de RD$5 millions. Elles n’envisagent pas, cependant, malgré une « caravane de changement » lancée en grande pompe dans l’Ouest, de voir une baisse de leurs fréquentations dans leurs centres hospitaliers, à cause, révèlent-elles « de l’extrême pauvreté d’Haïti« .

« Que d’hôpitaux seraient construits avec les milliards détournés de Petro Caribe et quiconque se prononçant contre l’application du rapport de Petro Caribe ne travaille pas dans l’intérêt de la majorité » a commenté un observateur ayant vécu au grand jour la fin du régime des Duvalier, le 7 février 1986. Il trouve inacceptable qu’après plus de 30 ans que 125 sections communales se retrouvent encore sans un centre de santé, ajoutant ironiquement « qu’avec 911 médecins pour 10 millions d’habitants, que lui aussi se fera soigner à l’extérieur« .

En revanche, chez les dominicains qui n’ont pas fini de lutter contre la corruption, leur système de santé accuse une présence de 15170 médecins, plus de 3500 infirmières, 10100 auxiliaires pour un total de 191 hôpitaux de référence dans les municipalités, plus de 8000 lits ajoutés à 1830 dans les unités de premiers soins.

Toutefois, il est à signaler un point positif relevé dans les soins médicaux apportés aux rares haitiens plaçant leur confiance dans ce système sanitaire désuet et privé de presque tout. En Haïti, le taux de personnes atteint de la tuberculose est de 194 pour 10000 habitants.

En conclusion. Au matin du 7 février 2018, 32 ans après avoir chassé une dictature collante, les haitiens ont eu droit à des propagandes bien orchestrées par le pouvoir en place faisant peu de cas de cet événement majeur, qui, en principe, devait nous permettre de donner une nouvelle orientation au pays. Les Philippine l’ont fait en février 1986, serions-nous différents d’autres peuples de la planète ?

Quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, la réalité vécue par les haitiens est criante. On estime que plus de 6 millions d’entre eux vivent en-dessous du seuil de l’extrême pauvreté avec un revenu quotidien ne dépassant pas les deux dollars américains. Le taux de chômage doublé pour notre malheur d’une inflation galopante est actuellement d’environ 40%.

Montrez-nous bien du doigt la route empruntée par le progrès sinon que dans les poches de la CORRUPTION, nommée citoyenne de l’année 2017, en Haïti.