La scène politique haïtienne est plongée dans une nouvelle tourmente, avec un affrontement ouvert entre le Premier ministre Garry Conille et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Au cœur de cette bataille, la question d’un remaniement ministériel et la présence controversée de trois Conseillers-Présidents impliqués dans un scandale de corruption lié à la Banque Nationale de Crédit (BNC). La tension qui en résulte compromet dangereusement la stabilité du pays et détourne l’attention des véritables urgences : l’insécurité, la crise humanitaire, et la flambée du coût de la vie.
Le Premier ministre Conille a pris une position ferme contre tout remaniement ministèriel tant qu’une évaluation objective des ministres n’aura pas été menée. Cette exigence fait écho à l’accord du 3 avril 2024, qui impose un cadre de concertation des différents secteurs du pays avant tout remaniement. Conille, catégorique, affirme qu’un changement précipité ne ferait qu’envenimer la crise actuelle. Selon lui, un remaniement sans évaluation reviendrait à ignorer les causes profondes des problèmes, comme la crise des 700 000 déplacés internes et l’insécurité alimentaire qui touche 5,5 millions de personnes.
Cependant, sa position est loin de faire l’unanimité au sein du CPT. Certains membres perçoivent cet acharnement contre le remaniement comme un refus de compromis, voire une tentative de consolidation autoritaire de son pouvoir.
Mais la tension a atteint un nouveau sommet lorsque Conille a demandé au CPT d’écarter les trois Conseillers-Présidents inculpés dans le dossier de la BNC. Cette affaire, qui a révélé des détournements de fonds à grande échelle, a entaché l’image du gouvernement et, pour le Premier ministre, la présence de ces conseillers inculpés compromet la crédibilité du Conseil des Ministres. Refusant de siéger à leurs côtés, Conille exige une réponse claire et immédiate du CPT, qu’il considère incapable de fonctionner efficacement avec ces personnalités controversées.
L’insistance de Conille pour leur exclusion est perçue par certains observateurs comme un coup de grâce politique visant à affaiblir le CPT. Mais ses détracteurs, y compris des membres influents du Conseil, envisagent désormais ouvertement de révoquer le Premier ministre pour stopper ce qu’ils considèrent comme une tentative de prise de contrôle totale.
Alors que le peuple haïtien attendait une collaboration fructueuse entre le CPT et le Premier ministre pour s’attaquer aux véritables défis du pays, il assiste à une lutte de pouvoir dévastatrice. Les questions fondamentales de sécurité, de cherté de la vie, et de pauvreté passent au second plan, étouffées par des querelles politiques qui paraissent sans fin. Le blocage institutionnel qui s’installe semble vouer à l’échec toute tentative de réforme, alors même que les besoins de la population sont plus urgents que jamais.
La vulnérabilité croissante du CPT face à ce bras de fer politique érode encore davantage la confiance du public en ses dirigeants. Les spectateurs de cette scène politique chaotique sont nombreux à croire que Garry Conille ne cherche pas seulement à assainir le gouvernement, mais à éliminer purement et simplement le CPT de l’échiquier du pouvoir. Face à cette escalade, les chances d’une issue favorable paraissent s’amenuiser.
L’incertitude qui plane sur l’issue de cette confrontation met en péril la stabilité d’un pays déjà au bord du gouffre. Haïti ne peut se permettre de rester otage de querelles politiques, alors que ses habitants continuent de subir les effets de l’insécurité, de l’inflation et des catastrophes humanitaires. Dans un climat où la méfiance et les ambitions personnelles semblent prévaloir sur le bien public, une question s’impose : jusqu’à quel point cette guerre de pouvoirs négligera-t-elle la détresse du peuple haïtien ?
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