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Cela fait déjà 100 jours que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), constitué de neuf membres aux parcours variés, a prêté serment avec pour mission de sortir Haïti de l’impasse sécuritaire, politique et économique dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs années. Pourtant, ces premiers mois sont marqués par un statu quo inquiétant. Malgré les promesses initiales et l’espoir suscité par la formation de ce conseil, force est de constater que les avancées sont minimes, voire insignifiantes.

L’une des premières actions du CPT a été la nomination de Garry Conille au poste de Premier ministre. Cette décision, bien que saluée pour son caractère consensuel, semble être restée symbolique. En effet, après cette désignation, le Conseil s’est surtout illustré par une série de visites aux différentes institutions de l’État sans impact concret pour la population. Pendant ce temps, la situation sécuritaire reste dramatique. Les gangs armés continuent de semer la terreur, tandis que la mission multinationale dirigée par le Kenya peine à se matérialiser, les effectifs et les ressources n’étant toujours pas disponibles.

En matière de gouvernance, les nominations aux postes stratégiques, bien qu’indispensables, n’ont pas permis d’apporter les changements attendus. Le quotidien des Haïtiens demeure inchangé : chômage, insécurité, et coût de la vie en constante augmentation alimentent un climat de désespoir qui pousse chaque jour un peu plus de jeunes à braver les flots pour chercher un avenir ailleurs, loin de leur terre natale.

Pire encore, le CPT est aujourd’hui éclaboussé par un scandale de corruption qui mine sa crédibilité. Raoul Pierre-Louis, l’ancien président du conseil d’administration de la BNC, a accusé trois conseillers du CPT de lui avoir réclamé 100 millions de gourdes pour qu’il conserve son poste. Une enquête de l’ULCC est en cours, mais la révocation précipitée de M. Pierre-Louis sans que l’affaire ne soit éclaircie soulève de sérieux doutes. Comment assurer une transition honnête et transparente alors que pèsent de telles accusations sur les épaules de ceux qui doivent mener le pays vers des élections crédibles et inclusives ?

Ces faits jettent une ombre sur les objectifs du CPT, dont la mission première est de rétablir la confiance et de préparer le terrain pour les prochaines élections générales. Si cette affaire n’est pas rapidement élucidée, elle risque de renforcer la méfiance envers le processus électoral à venir, certains craignant déjà que les sièges électoraux ne soient monnayés au plus offrant.

En définitive, ces 100 premiers jours du CPT ont été marqués par l’immobilisme. Le peuple haïtien, qui attend des solutions concrètes et urgentes, reste en proie à la violence et à la précarité. La fenêtre d’opportunité pour agir se referme rapidement, et les membres du CPT doivent prendre la pleine mesure de la situation. Le pays ne peut plus se permettre une transition de façade, où seules les apparences sont soignées tandis que les véritables problèmes demeurent sans réponse.

Haïti n’a pas besoin de simples visites d’institutions ou de discours bien rodés ; elle a besoin de décisions courageuses, d’actions rapides et d’une gouvernance intègre. Il est temps pour le CPT de montrer qu’il est à la hauteur des attentes et des sacrifices de ce peuple qui ne peut plus attendre.

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