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Dès sa conception, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) initié par la CARICOM était voué à l’échec. Ceux qui connaissent la réalité haïtienne l’ont dit haut et fort, mais leurs avertissements ont été ignorés par des acteurs extérieurs décidés à imposer leur agenda. La CARICOM, en s’alliant à des factions opportunistes locales, a joué la carte de l’imposition et non de la concertation. Aujourd’hui, nous en payons le prix.

Ce que nous voyons n’est que le résultat d’un plan bâclé et irréaliste, soutenu par ceux qui se soucient peu du bien-être d’Haïti. La stratégie de nommer un conseil tripartite pour piloter la transition, sans s’appuyer sur des institutions nationales solides comme la Cour de Cassation, relevait d’une arrogance déconcertante. L’alternative, proposée depuis longtemps par des acteurs de la société civile et des groupes comme « Proposition Citoyenne », de placer un juge de la Cour de Cassation à la tête de l’État, aurait offert une solution plus conforme à la Constitution et mieux adaptée à la crise actuelle. Mais cette option a été balayée par ceux qui ne pensent qu’à leur intérêt immédiat.

Le résultat est là : un CPT discrédité, divisé par des querelles internes, et miné par des accusations de corruption et d’exclusion. Les partis qui l’ont soutenu sont aujourd’hui démasqués pour ce qu’ils sont : des prédateurs politiques plus préoccupés par leurs propres privilèges que par le sort du pays. Leur obsession pour le pouvoir les a aveuglés, au point de compromettre toute chance de rétablir la sécurité ou d’organiser des élections crédibles.

L’article 10 du décret instituant le CPT est pourtant sans équivoque : son mandat doit s’achever au plus tard le 7 février 2026. Mais à ce rythme, ce délai risque d’être atteint sans aucun progrès tangible. Que se passera-t-il alors ? Faudra-t-il encore attendre que ce conseil vacillant remette finalement le pouvoir à la Cour de Cassation, après avoir gaspillé deux précieuses années ?

Trois ans ont déjà été perdus sous Ariel Henry, et il est inconcevable de sacrifier encore 24 mois dans une transition boiteuse pilotée par un CPT sans vision. Il est évident qu’un président issu de la Cour de Cassation, comme cela s’est fait en 1990, serait plus à même de garantir une transition apaisée, capable de rétablir la sécurité et d’organiser des élections générales. Cette solution, plus en phase avec notre cadre constitutionnel, permettrait de créer un pouvoir neutre, au-dessus des luttes partisanes, et de réunir toutes les forces vives du pays autour d’un objectif commun.

Malgré tout, il reste ceux qui espèrent encore un miracle du CPT-Conille, bien que les signes soient déjà alarmants : des retards, des scandales de corruption, et l’exclusion flagrante de plusieurs secteurs essentiels de la société. Le cap doit être mis sur la sécurité et les élections, mais la réalité montre que le temps est compté. La population haïtienne, épuisée par l’insécurité et la misère, n’a plus la patience d’attendre. Les gangs continuent de se renforcer, plongeant des familles entières dans la pauvreté, tandis que l’État reste paralysé.

Une opposition politique commence à se structurer contre le CPT-Conille. Pour l’instant faible, elle pourrait devenir une force incontournable si le gouvernement continue à échouer. Le mécontentement grandit, et l’histoire nous montre que l’incapacité à répondre aux attentes du peuple mène toujours à l’émergence de mouvements contestataires puissants. Si rien ne change, cette opposition aura tôt fait de réclamer la fin du pouvoir du CPT-Conille pour exiger un transfert à la Cour de Cassation.

L’avenir est incertain, mais une chose est sûre : le CPT, tel qu’il est aujourd’hui, est une impasse. Chaque jour qui passe le confirme davantage. La seule voie raisonnable reste un retour aux fondamentaux, avec une transition pilotée par un exécutif issu de la Cour de Cassation. Tout autre scénario ne fera que prolonger l’agonie de ce pays.

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