La tension entre le Premier ministre Garry Conille et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) semble avoir atteint un point de non-retour. À la tête de la primature depuis juin 2024, Garry Conille est aujourd’hui menacé de révocation, victime d’une succession de désaccords avec le CPT, qui seraient sur le point de lui coûter son poste. Selon des sources généralement bien informées, une résolution a déjà été adoptée par le CPT pour évincer Conille et le remplacer par Alix Didier Fils-Aimé, dont la nomination aurait déjà été transmise aux Presses Nationales pour publication.
Les tensions ont d’abord éclaté en juillet 2024, à peine deux mois après l’arrivée de Conille à la primature, autour de la ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Dominique Dupuy. Le CPT, insatisfait de la position radicale de Dupuy contre la République dominicaine dans le cadre des récentes déportations massives d’Haïtiens, a dénoncé son approche qualifiée de « radicale », accusant la ministre de manquer de pragmatisme. Le Conseil aurait préféré un appel au dialogue plutôt qu’une confrontation directe avec le voisin dominicain. Par ailleurs, la ministre Dupuy a omis d’informer le CPT de certains changements diplomatiques, ce qui a été interprété comme une atteinte à l’autorité du Conseil, chef de la diplomatie.
Le deuxième point de friction réside dans les nominations aux postes de directeurs généraux d’organes autonomes et déconcentrés. Le Premier ministre Conille a manifesté son intention d’y placer des proches, tout comme il l’avait fait pour certains ministères stratégiques. Ces nominations n’ont cependant pas obtenu l’aval du CPT, qui, en réaction, a bloqué la procédure. Ce bras de fer sur les nominations traduit une lutte pour le contrôle des institutions entre la primature et le CPT.
Le climat de méfiance s’est encore renforcé en septembre, après la rencontre entre Garry Conille et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. L’absence de Leslie Voltaire, conseiller-présidentiel, à cette rencontre a suscité l’indignation de ce dernier, qui a interprété son exclusion comme un acte d’insubordination. Dans des déclarations acerbes, Voltaire a laissé entendre que cette décision était un affront direct, menaçant même de représailles contre les responsables de cette exclusion.
Le quatrième point de discorde s’est joué autour du remaniement ministériel. Face aux pressions répétées du CPT pour réorganiser le cabinet, Conille s’est montré inflexible. Selon le Conseil, cette résistance à leurs recommandations traduit une volonté du Premier ministre de concentrer le pouvoir, au mépris des équilibres politiques qu’ils cherchent à maintenir.
Enfin, l’inculpation de trois membres influents du CPT par le cabinet d’instruction a encore envenimé la relation entre le Premier ministre et le Conseil. Dans une lettre formelle, Garry Conille a demandé à Leslie Voltaire de suspendre les conseillers inculpés de leurs fonctions. Cette requête a été perçue par le CPT comme un acte hostile, d’autant que les conseillers mis en cause sont à l’origine de la désignation de Voltaire comme président du Conseil.
Alors que la crise institutionnelle se durcit, il semble que le sort de Garry Conille soit déjà scellé. Selon notre source, le CPT a validé une résolution pour destituer le Premier ministre et nommer Alix Didier Fils-Aimé comme remplaçant.
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