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Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), censé guider Haïti vers une stabilité politique et institutionnelle, est désormais englué dans un scandale de corruption qui menace son existence même. Au centre de cette tourmente, trois conseillers-présidents — Louis Gerald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire — sont accusés par l’ancien président du Conseil d’administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pierre-Louis, d’avoir exigé 100 millions de gourdes en échange de son maintien à la tête de la BNC. Depuis, le CPT est dysfonctionnel, paralysé par une crise de confiance qui s’étend bien au-delà de ses membres.

Les accusations, graves et détaillées, ont déclenché une enquête de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Raoul Pierre-Louis a déjà été entendu par les enquêteurs, tout comme les trois conseillers incriminés et d’autres témoins, y compris le chauffeur de Louis Gerald Gilles. Alors que les investigations se poursuivent, l’opinion publique et plusieurs acteurs politiques réclament la démission des trois conseillers concernés.

Pour ajouter à la pression, des éminentes personnalités de la CARICOM, une organisation qui joue un rôle clé dans la transition haïtienne, ont exigé leur retrait. L’ombre des États-Unis plane également sur cette crise. Washington, qui a dicté à la CARICOM une feuille de route pour le CPT, pourrait bien intensifier les pressions en faveur d’une résolution rapide. Cette situation rend la visite imminente du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Port-au-Prince d’autant plus cruciale. Sa rencontre prévue avec le président du conseil présidentiel Egard Leblanc et le Premier ministre Garry Conille le 5 septembre pourrait accélérer les décisions.

Les positions sont toutefois divergentes parmi les acteurs locaux. Maitre André Michel, figure clé du secteur de l’accord du 21 décembre, a exigé le retrait de Louis Gerald Gilles. À l’inverse, Pascal Adrien, représentant du groupe majoritaire de cet accord, préfère attendre les conclusions du rapport de l’ULCC avant de se prononcer. Le rapport de l’ULCC est très attendu, mais il pourrait prendre du temps, compte tenu de l’importance de l’affaire et des pressions politiques et diplomatiques en jeu.

Moïse Jean Charles du parti politique Pitit Dessalines et Claude Joseph de la coalition RED/EDE/Compromis Historique soutiennent fermement leurs représentants respectifs, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, au CPT. Cette division souligne à quel point la crise a fracturé le consensus politique au sein du CPT, rendant presque impossible la prise de décisions cruciales pour la gouvernance du pays.

Pendant ce temps, les nominations des directeurs généraux des organismes autonomes et déconcentrés sont suspendues, tout comme la formation du Conseil Électoral Provisoire. Un blocage qui nuit à tout effort de transition démocratique. Les quatre autres conseillers-présidents du CPT ont suggéré à leurs collègues accusés de se retirer provisoirement pour permettre une enquête impartiale, une proposition rejetée catégoriquement par les trois conseillers concernés.

Il est évident que cette crise ne peut perdurer. Deux options se dessinent à l’horizon : soit les secteurs concernés remplacent leurs représentants accusés, soit la communauté internationale intervient pour forcer une issue. Une chose est certaine : le CPT, dans sa configuration actuelle, ne peut plus fonctionner efficacement. L’heure de vérité approche et, quel que soit le dénouement, il devra être rapide pour éviter une paralysie prolongée qui ne ferait que plonger Haïti encore plus profondément dans l’incertitude.

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