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En 2018, j’étais peut-être l’un des rares penseurs à publier sur mon compte Facebook que Jovenel Moise sera le dernier président de la transition démocratique. Et ce n’était du tout pas une prophétie, puisqu’on ne peut pas parler de prophétie quand la logique elle-même fournit la clé pour décortiquer le phénomène. Je ne voyais pas le président assassiné au pouvoir, comme ce fut le cas. Mais dans ma pensée logique, il était pour moi impossible que cette transition difficile arrive à perdurer au-delà du mandat de Jovenel Moise, qui portrait en lui tous les éléments achevés de la déconfiture politique haitienne.

Le mandat de Jovenel Moise annonçait la fin impérieuse de la transition démocratique. Aujourd’hui, l’existence de ce conseil présidentiel de transition marque la fin exécrable d’une génération politique qui s’est mise au-devant de la scène sans une vision nationale partagée et sans les moyens adéquats pour mettre en œuvre une politique capable de satisfaire les désidérata d’une population avide de grandeur et d’espoir.

Je sens la lourde responsabilité citoyenne d’alerter la nation haitienne de l’anéantissement programmé du peuple haitien. Je ne cherche à être ni alarmant, ni un prophète de malheur. Mais je me sentirai coupable de me taire face à ce cataclysme effarant qui s’approche. L’heure est grave. Et c’est en de pareils moments de l’histoire que les génies doivent se manifester.

En dépit de la publication des décret créant le Conseil Présidentiel de Transition et arrêté nommant les membres dudit conseil, sous fortes pressions de la communauté internationale, la crise haitienne telle qu’elle se présente dans sa phase finale de décomposition ne peut que s’empirer. La logique est simple : les mêmes causes, dans les mêmes circonstances, produisent toujours les mêmes effets.

En effet, il est logiquement impossible, je pèse mes mots, de dégager un consensus raisonnable sur la base d’intérêts diamétralement opposés. Le loup ne sera jamais l’ami du mouton. L’eau ne sera jamais l’ami du feu. Le système impérialiste néocolonial ne sera jamais en faveur d’Haiti. Ils ne peuvent en aucun cas cohabiter. Parce que l’un doit nécessairement anéantir l’autre. Il pleut malheurs sur Haiti.

Les intérêts divergents sont par nature exclusifs et plus on essaye de les rapprocher, plus ils créent de la confusion. Dans la situation haitienne actuelle où tous les protagonistes campent derrière leurs intérêts, seul un intérêt commun peut débloquer la situation. Cet intérêt commun doit être étranger et supérieur aux intérêts particuliers et claniques. La Constitution est étrangère et supérieure aux intérêts politiques. Elle représente la nation et le consentement exprimé des intérêts communs qui posent les fondements cardinaux, imprescriptibles et inaliénables de l’État imposable et opposable à tous. Dès lors, toute recherche de consensus national en dehors de l’esprit et de la lettre de la Constitution est contraire aux aspirations et revendications de la souveraineté populaire.

De tous les temps, la gouvernance politique en Haiti est marquée par ce mépris vain et orgueilleux des élites face aux principes fondateurs de l’État. Ce qui a toujours conduit à la prise en otage des droits fondamentaux à la vie et à la poursuite individuelle du bonheur. En ce sens, l’État qui est appelé à garantir les conditions d’exercice et de jouissance des droits naturels est systématiquement détourné pour servir des intérêts particuliers et néfastes qui cherchent souvent, sans vergogne, à exploiter les masses populaires. Le décret de la trahison publié par ce gouvernement fantoche ne vise qu’à autoriser les ennemis de la nation haitienne à souiller le sol ancestral pour piller ses ressources naturelles, comme ce fut le cas en 1492, en 1915 et récemment en 1994. Je prédis l’échec de ce plan macabre.

Quel est l’intérêt général de la population haitienne dans la crise actuelle ? La sécurité des vies et des biens. Tout simplement. Le peuple haitien n’a jamais demandé un Conseil Présidentiel de Transition de neuf (9) membres. Ni dans la Constitution, ni dans l’exercice public de son droit à la liberté d’expression, le peuple haitien n’a jamais sollicité la création du Conseil Présidentiel de Transition de neuf (9) membres. Le peuple haitien est assez intelligent et sage pour savoir que cette démarche est une absurdité qui n’a sa place que dans les esprits les plus pernicieux. Je ne parle même pas de l’impossibilité matérielle de fonctionnement d’une machine administrative aussi lourde et éreintante, je me réfère uniquement au principe même de son existence qui ne correspond à aucune démarche juridique, constitutionnelle ou institutionnelle. Comment peut-on comprendre construire dans le vide, si ce n’est que rechercher son propre anéantissement ?

Je doute fort que ce conseil pourra fonctionner s’il arrive à s’installer au palais national. Le consensus national doit se faire autour du consentement populaire exprimé dans la Constitution de 1987 : un gouvernement bicéphale avec un Président de la République, chef de l’État et un Premier Ministre, chef du gouvernement (voire les articles 59, 133, 134 et 149). Ce gouvernement de transition aura pour mandat d’organiser les élections générales qui remettront le pays dans la voie de l’État de droit.

Le nouveau président élu, détenteur de la légitimité populaire devra s’atteler à poser les bases de la modernisation de l’État : décentralisation effective de l’État, présence régulière de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire, abolition de tous les privilèges indus des fonctionnaires et dignitaires de l’État, plan de protection agressive des vies, biens et bâtiments publics, développement d’un système routier moderne reliant les grandes villes du pays, relance de la production nationale, repositionnement géopolitique de la République d’Haiti sur la scène internationale, etc. Je prédis une nouvelle Haiti à la dimension de son histoire.

Ma pensée logique me dit encore que seul un consensus national basé sur le consentement populaire exprimé dans la Constitution de 1987 sortira Haiti de la fosse où elle se trouve. Il pleut malheurs sur Haiti, mais l’avenir n’est pas sombre. L’heure est grave, mais demain sera radieux. Une nouvelle génération politique mieux préparée, inspirée de l’idéal des ancêtres, doit prendre la relève. Haiti vaincra !

Me. Marc Wood Pierre, Av.
Proposition Citoyenne (PCSC)

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