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Mercredi 15 novembre 2017 ((rezonodwes.com))– Le rapport de la commission d’enquête sur la gestion du fonds Petrocaribe peut avoir des failles, cependant, il peut être considéré comme un document important dans la lutte contre la corruption qui ravage le pays. Puisque les personnalités indexées dans ledit rapport bénéficient de la présomption d’innocence, il revient à la justice d’approfondir le rapport pour fixer les responsabilités et blanchir éventuellement les concernés, car elle travaille à charge et à décharge.

Mais il fallait que la justice haïtienne fut indépendante , c’est-à-dire une justice qui se place en dehors de la volonté politique. La justice haïtienne est une justice officielle, politisée. Le commissaire du gouvernement, le chef de la poursuite, est un pion du gouvernement au niveau de l’appareil judiciaire. Il est donc là pour protéger les intérêts de son gouvernement, puisqu’il peut être révoqué au cas où il n’aurait pas respecté ses engagements.

De plus, comment peut-on confier la lutte contre la corruption à la justice haïtienne alors que le système de répression est lui-même en proie à la corruption?

Je pense que le combat contre la corruption est un pari difficile en Haïti. Il manque des structures indépendantes chargées des enquêtes pour l’initier. Et des forces sociales pour le porter.

Ce combat contre la corruption ne connaîtra pas non plus de victoire véritable sans l’appui d’une masse critique de citoyens porteurs d’énergie virile, soucieux de la bonne gestion des ressources publiques. Ces citoyens doivent être des acteurs contre la corruption par l’exemplarité de leurs comportements vis-à-vis du bien commun. Ces citoyens, conscients de leur rôle dans la construction de la démocratie, dans le développement économique, doivent s’ériger en sentinelle de la bonne gouvernance et exiger des dirigeants, qu’ils choisiront sur la base du mérite, de la compétence et de l’intégrité, une conduite transparente. Mais ces citoyens capables de pousser notre société vers les changements et les ruptures nécessaires pour enrayer la corruption n’existent que dans des proportions très faibles pour enclencher un tel processus.

On combattra la corruption en Haïti quand le citoyen haïtien sera capable de comprendre l’importance de son vote; quand il comprendra que son vote est un outil pouvant lui permettre de penser sa société et de pouvoir façonner son avenir. Mais ce n’est pas ce qui se fait dans le pays sur le plan électoral. On vote ( la majorité électorale) , dans la majorité cas, pour ceux qui ont de l’argent sous prétexte qu’ils ont réussi leur vie, alors qu’ils sont redevables envers des patrons dont les intérêts ne sont pas ceux de la population. Enrayer la corruption, c’est changer la mentalité des gens par rapport à l’argent. Et le premier obstacle à une telle perspective sera la précarité économique à laquelle les gens sont en butte.

C’est difficile de ne pas marchander son vote quand on crève la dalle. Voilà pourquoi je crois que pour lutter contre la corruption qui sévit dans le pays, on doit aussi lutter pour qu’il y ait de la justice sociale. La justice sociale est un gros combat à mener pour pallier le dénuement de la population, comme pour tenter de freiner la corruption qui détruit le pays.

James Marc Donald ORPHÉE