La fin de règne de l’apprenti-dictateur Jovenel Moise est marquée par une insatisfaction quasi-totale de la population au point que des enquêteurs de Brides, les spécialistes de sondages orientés et intéressés, utilisent des stratagèmes pour faire croire à un certain bien fondé de la nouvelle Constitution – déjà écrite – pour PHTK.
Retrouver ci-dessous l’intégralité du « Message de la Conférence des pasteurs haïtiens à l’occasion de la Noël et du Nouvel an« .
Mercredi 23 décembre 2020 ((rezonodwes.com))–Le régime de Jovenel Moise, outre le secteur de l’opposition traditionnelle, est accusé d’exacerber le phénomène de l’insécurité et de permettre aux gangs armés d’étendre leurs zones de contrôle.
Ainsi, la Conférence des pasteurs haïtiens (COPAH) a brossé un tableau sombre de la situation générale dans le pays et a appelé à une mobilisation générale contre l’arbitraire et les actes d’enlèvements dont la plupart sont réalisés par des bandits armés de G9 pro-pouvoir.
Dans son message traditionnel de fin d’année, elle a dénoncé la corruption, la perturbation de l’ordre constitutionnel et démocratique, ainsi que les inégalités sociales, la pauvreté, les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et l’insécurité.
Soulignons que malgré un rejet croissant, Jovenel Moise a refusé de renoncer au pouvoir en février et se prépare à fomenter un Coup d’Etat Constitutionnel avec l’annonce des élections générales frauduleuses et à un changement illégal de la constitution, un droit que ne lui confère aucun article de la loi-mère.
Message de la Conférence des pasteurs haïtiens à l’occasion de la Noël et du Nouvel an
Ni fêtes ni célébrations, à l’occasion de la Noël et du Nouvel An. Engageons-nous dans l’action pour le droit à la vie, à la liberté, à la justice, à un État démocratique !
La Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) constate, avec douleur, que la situation générale actuelle en Haïti suscite inquiétudes et peur, compte tenu de la dégradation accélérée des conditions de vie de la majorité des Haïtiens. Le climat sécuritaire se détériore de jour en jour. L’insécurité criminelle qui prend chaque jour des formes les plus abominables atteint des proportions alarmantes. À l’exception des gangs criminels qui prolifèrent à travers le pays en se fédéralisant, l’insécurité fait des victimes parmi toutes les couches de la société, sans distinction de classe, de couleur ou d’appartenance religieuse. Des pasteurs, des écoliers, des étudiants, des marchands, des membres du corps médical, des avocats, des juges, des commissaires du gouvernement, des policiers sont assassinés ou enlevés contre rançon.
Déjà, dans les quartiers contrôlés par les gangs armés et en raison de l’indifférence et la passivité complices des autorités politiques et policières, des églises, des temples vaudou ferment leurs portes. Les citoyens fuient massivement le pays pour terres plus clémentes et d’autres deviennent des réfugiés dans leur propre pays. C’est le cas, par exemple, des habitants du Bel-Air, de La Saline, de Cité Soleil, du Pont-Rouge, du bas de Delmas, de Village de Dieu, de Grand-Ravine, de Savien (Artibonite) de Shada et Nan Bannann (Cap-Haïtien) etc. Les massacres, les assassinats, les exécutions sommaires et les enlèvements contre rançon se multiplient à un rythme effréné. La caravane de la mort est en marche et amène chaque jour son cortège de cadavres…
La COPAH note que la situation socio-économique du pays continue de se dégrader de manière inquiétante. Le coût de la vie demeure particulièrement élevé au point que la majorité des Haïtiens continue de végéter dans la misère et le désespoir. Plus de quatre millions d’Haïtiens vivent dans l’insécurité alimentaire, selon la FAO. Des détenus meurent de faim dans les prisons haïtiennes. Le dollar qui a chuté sur le marché des changes à la fin de l’été 2020 à coup d’injection de millions de la BRH reprend du poil de la bête. Tandis que la gourde haïtienne continue à se déprécier. Pendant ce temps, les paysans continuent d’abandonner leurs terres pour devenir chauffeurs de taxi moto ou pour risquer leur vie sur de frêles embarcations en quête de mieux-être économique sous d’autres cieux. Le secteur agricole qui emploie plus de 60 % d’Haïtiens est pratiquement sinistré.
Sur le plan politique, le pays est en train de basculer dans l’incertitude et la dictature. Depuis le 13 janvier 2020, le président Jovenel Moïse a interrompu l’ordre constitutionnel et démocratique en mettant fin prématurément au mandat d’un tiers du Sénat de la République, par simple tweet. Il a donc choisi délibérément de diriger le pays par décret au détriment de la constitution en vigueur. C’est un choix politique qu’il avait fait de ne pas organiser des élections pour renouveler le personnel politique du pays afin d’éviter toute rupture du processus démocratique. Cette attitude a mis en évidence la nature de son régime et sa volonté délibérée d’établir une dictature brutale dans le pays.
Si avant le deuxième lundi de janvier 2020 certains Haïtiens doutaient encore de l’orientation dictatoriale du Président Jovenel Moïse et du régime du PHTK et allié, les actes posés au cours des onze (11) derniers mois sont plus que suffisants pour les édifier.
La promulgation des décrets anti-démocratiques et anticonstitutionnels, l’intensification de la répression aveugle et la violence politique orchestrées dans les quartiers marginalisés par les gangs armés à la solde du pouvoir, sont autant d’éléments qui, non seulement dissipent ce doute, mais aussi doivent motiver tous les vrais démocrates, les patriotes et les religieux aux mains propres à faire front unis afin de freiner l’élan autocratique et sanguinaire de ce pouvoir.
La Conférence des Pasteurs haïtiens (COPAH), à l’occasion des fêtes de fin d’année et du Nouvel An, lance un appel à la mobilisation générale de toutes les forces vives de la nation contre l’arbitraire et le kidnapping, instruments d’intimidation politique utilisés par le régime actuel pour forcer le peuple haïtien à avaler la pilule amère de la dictature. Ministres religieux, n’ayez pas peur d’accompagner ce peuple meurtri dans sa bataille pour la dignité ! Comme Moïse qui a abdiqué son titre de prince et a ainsi accepté « d’être maltraité avec le peuple de Dieu que d’avoir pour un temps la jouissance du péché » (Hébreux 11 verset 25), osons sacrifier les privilèges et avantages que notre statut de prêtres religieux nous offre et décidons d’être des avant-gardistes dans cette lutte pour le respect du droit à la vie.
Le pays est maintenant pris en otage par des flibustiers nationaux et internationaux qui utilisent toutes sortes de stratagèmes pour forcer les honnêtes gens et les Haïtiens dignes à fuir le pays. En bons héritiers de nos ancêtres qui se sont battus vaillamment pour nous léguer cette terre, assumons notre responsabilité historique. En bons défenseurs du droit et de la justice, n’ayons pas peur de lancer le mouvement de résistance pacifique contre ceux qui planifient nos malheurs par la publication et l’application d’un ensemble de décrets scélérats et attentatoires à nos libertés et à nos droits fondamentaux. Souvenons-nous de cette parole des saintes Écritures qui dit : « Ceux qui abandonnent la loi exaltent [les criminels], mais ceux qui obéissent à la loi [les] combattent » (Proverbes 28 verset 4).
Le mandat constitutionnel du président de la république, M. Jovenel Moïse arrive à échéance le 7 février 2021 (article 134-2). Cependant, le chef de l’État, en guise de se préparer à transmettre pacifiquement le pouvoir à un gouvernement de transition, se lance dans une dynamique de confrontation en faisant des mises en place qui montrent clairement sa volonté de s’accrocher au pouvoir, au-delà de son mandat constitutionnel. D’ailleurs, il l’a dit et répété qu’il ne quittera pas le pouvoir avant le 7 février 2022. Et ce serait malheureux !
La COPAH constate, qu’au fur et à mesure que la date fatidique du 7 février 2021 s’approche, le président, pris de peur, dévoile clairement sa stratégie de violence visant à réduire au silence et terroriser l’ensemble des citoyens dont ceux des quartiers défavorisés pour les empêcher de se révolter contre l’injustice, l’impunité et les actes arbitraires commis par les gangs armés en symbiose avec le pouvoir en place.
Les forces religieuses doivent s’armer de courage pour se positionner non aux côtés des prédateurs de la démocratie et des droits humains, mais aux côtés de la constitution, du droit et de la justice. Aucune institution religieuse ne doit en aucune manière se laisser instrumentaliser par un pouvoir politique qui a fait choix du kidnapping et de la violence aveugle comme méthode de gestion et de politique publique. Au contraire, la Bible exhorte tous les chrétiens à ouvrir « la bouche pour le muet, pour la cause de tous les délaissés. L’obligation leur est faite de juger avec justice, et de défendre le malheureux et l’indigent » (Proverbes 31 versets 8, 9).
En cette période difficile, Haïti a plus que jamais besoin de la prière et d’actions concrètes pour débarrasser le pays du régime dictatorial qui impose la terreur d’État à toute une population. La Conférence des Pasteurs haïtiens (COPAH) encourage tous les croyants à prier pour le pays. Cependant, cette invitation à la prière ne doit pas être interprétée comme un moyen d’amener les croyants à penser qu’ils peuvent freiner l’insécurité, le kidnapping, la dilapidation des fonds publics et les crimes politiques uniquement par la prière. La COPAH encourage, par conséquent, le mariage de la prière avec l’action et la responsabilité citoyennes pour faire échec à la dictature de Jovenel Moïse. Le jeûne auquel Dieu prend plaisir c’est : la fin de la méchanceté, la libération des opprimés et la solidarité avec ceux qui ont faim (Esaïe 58 verset 6 et 7). Priez et agissez en même temps pour mettre fin au règne des artisans des malheurs du peuple haïtiens !
Devant la situation de détresse et de grande calamité du peuple haïtien, la COPAH estime qu’il n’y pas lieu de célébrer la Noël et le Nouvel An. Le moment que nous vivons n’est pas à la fête ni aux célébrations, mais au combat pour le respect de la constitution, de la vie, des libertés individuelles, des droits fondamentaux du peuple haïtien, de la dignité humaine, de la justice, de la démocratie et de l’État de droit. C’est le moment où nous devons nous indigner, nous soulever et nous battre contre tout projet dictatorial sous toutes ses formes, au-delà de nos croyances et de nos rangs dans la société. Le danger de la dictature qui s’installe sous nos yeux nous menace tous.
Que Dieu bénisse Haïti et donne la force nécessaire aux Haïtiens pour se battre pour le respect du droit inaliénable à la vie!
Rév. Pasteur Ernst Pierre Vincent
Président
Rév. Pasteur Ismaël Baptiste
Secrétaire exécutif