Tout par la corruption et avec la corruption, c’est l’ image réelle du degré auquel un certain système de corruption établi et renforcé, est aperçue depuis un an en Haïti. De la nomination d’un simple comité de carnaval et l’imposition de l’immoralité par l’assurance de l’impunité aux enquêtes jamais abouties, aux dernières tentatives de déferrer le rapport Petro Caribe éclaboussant des autorités des administrations Préval-Bellerive, Martelly-Lamothe, la date du « 7 février 1986 » a perdu de toute son élégance et du vrai sens de la lutte ayant abouti à ce jour, il y a de cela 32 ans

par Claudy Briend Auguste

Mercredi 7 février 2018 ((rezonodwes.com)).–Jovenel Moïse devrait se mordre le nez de n’avoir pas eu plutôt, en février 2017, pour son fameux projet de loi sur la diffamation, un Joseph Lambert croyant avoir un droit inhérent au statut de président du Sénat, pour outrepasser son rôle de modérateur des dé bats en tombant véritablement dans la provocation, avec le traitement du dossier Petro Caribe. Un chapitre qui serait très loin d’être fermé, dans la mesure où des citoyens conséquents ne sont pas aptes à revivre les spectres de l’avant 7 février 1986, non plus des régimes pseudo-démocratiques ou totalitaires.

Jamais depuis ce matin du vendredi 7 février 1986, l’Haïtien n’a goûté à l’eau de vie devant insuffler en lui l’espoir et le bonheur que ce changement de nouveau maître, opéré au crépuscule avec la chute des Duvalier, allait lui apporter pour toujours. Hélas ! Notre incapacité à gérer un acquis et la perplexité dans le choix de nos gouvernants se sont assez vite transformées en déception. Et 32 ans plus tard, le pays ne se porte pas mieux qu’il ne l’était en 1986. Ou ce n’est que pire aujourd’hui. Il nage dans la corruption.

Tout par et avec la corruption à la base des décisions de l’ État sombrant dans l’ignominie. Jovenel Moïse peut, certes, s’accorder, ce mercredi 7 février 2018, un satisfecit, pour le moins surprenant, en venant avec des promesses en guise de bilan, mais rien de ce qu’il a dit mardi soir, ne viendra changer notre perception d’un pays, au premier constat, qui va de mal en pis. C’est la dégénérescence depuis le fameux discours du président de la République, le 1er janvier 2018, aux Gonaïves.

S’il a pu malencontreusement identifier les 5 grands problèmes du pays, mettant à mal les aptitudes organisationnelles de l‘État d’Haïti, toutefois il a multiplié la corruption par de grands maux dont on risque de subir pour longtemps les graves conséquences.

De 7 février 2017 à 7 février 2018, la corruption est arrivée à polluer des esprits qui se taisent et se maintiennent dans l’expectative en assistant aux folies d’un homme qui prend corps pour devenir une dure réalité. La date du 7 février a perdu de toute son élégance et de ses vraies raisons d’être, dans l’acceptation de l’arrogance de certains et de l’impunité dont jouit l’autre, qui dicte encore ses lois à la République. Absolument, nos analyses ne reflètent rien de particulier avec le personnage en lui-même, bien au contraire, on le regardait de loin évoluer dans sa sphère d’ action pendant une longue période de grâce jusqu’au jour où il cherchait à museler la parole libérée un 31 janvier 1986, avec la chute annoncé de la dictature des Duvalier.

Des actes de corruption notoires posés en un an par le régime tèt kale bis

  • La ratification du Premier ministre Jack Guy Lafontant constitue la réponse des parlementaires à la présidence, quand ils viennent de justifier la présence de leurs pions déposés sur cet échiquier. Ils l’ont ratifié et c’est plus que normal, trouvent-ils, pour composer aujourd’hui avec le gouvernement.
  • Les différentes subventions accordées aux parlementaires à Pâques 2017, on ajoute à cette rubrique de corruption, une nouvelle ligne budgétaire insérée dans la loi de finances 2017-2018, pour la reconstruction du Palais législatif alors qu’aucun rapport n’est venu rendre compte d’un montant déjà disponible pour le démarrage initial de ces mêmes travaux.
  • Subventions scolaires : les kits scolaires ? Maintenant nous sommes presque sûrs d’affirmer que le président a caché la vérité à la journaliste de RFI, à Paris, en disant que le rapport d’enquête sur les kits scolaires sera bientôt publié. Par qui ? Et à quand cette publication ? Par le futur remplaçant de l’ex-commissaire zélé Ocnam Daméus, qui aurait néanmoins oublié qu’ avec le « 7 février 1986 », il y a beaucoup d’actes arbitraires qui sont révolus, malgré tout. D’autres sur le régime Lavalas ont essayé avant lui et ont piteusement échoué.
  • Les kits solaires électriques. Un dossier déjà oublié, alors que les 17 mois programmés pour établir l’électricité partout à travers le pays ne sont pas encore écoulés. Qui était en charge de ce dossier ? Existe-il quelque part un rapport-comptable sur les dépenses effectuées  ? Oh! que c’est facile à déclarer, nous menons une lutte contre la corruption.
  • La « Caravane du changement», sans commentaires. Laissons au futur le soin de présenter son rapport détaillé… Mais tout simplement, nous ajoutons qu’ une partie des interrogations ont été répondues par un haut fonctionnaire dominicain qui a fait peu de cas du « certificat de l’eau décerné au président Jovenel Moise à Paris ». Pour ce ministre, un oiseau de mauvaise augure, Haïti fera face à une crise d’eau dans 10 à 15 ans.
  • La remobilisation de l‘Armée. Même à son aménagement au Champ-de-Mars d’où partent tous les gallons et les étoiles décernés à des combattants contre la démocratie, plus de trois mois après sa « remobilisation« , nous en sommes convaincus qu’il s’agit de la plus grande farce du régime Tèt kalé pour leurrer les nostalgiques des FAd’H.
  • Le vote du budget ou loi de finances 2017-2018 dans le mépris et l’indifférence totale de la population. Où est donc passé cet ancien président de la Chambre des députés disant « qu’il veillera à ce que les moindres centimes collectés reviennent sous forme de projets et d’activités utiles à la communauté ». La subvention accordée aux partis politiques, ou la prime à leur passivité et leur négativité, fait-elle partie de ces retombées positives
    pour la cité ?
  • Le carnaval ! La liste serait trop longue si l’on se mettait à énumérer tous les points négatifs gardant la république en marche sur place depuis le 7 février 2017 avec le débarquement de Jovenel Moïse au Palais national, à la suite d’une « élection » avec un record établi de faible taux de participation. Pour le carnaval, la République de Port-au-Prince s’est démarquée des considérations d’intérêt public qui sont en jeu, en particulier l’ordre public, la moralité mis en relief par deux grandes villes de la République d’Haïti, Gonaïves et Jacmel.

Toutefois, on avance dans l’entourage du chef de l’État, une équipe qui se diffère totalement des cellules de propagande sur les réseaux sociaux, prêtes à défendre l’indéfendable, et justifier la bêtise, qu’il a de bonnes intentions mais malheureusement qui se heurtent à la résistance des tenants du statu quo au sein de la bureaucratie en Haïti. Jovenel Moïse attendait-il le premier anniversaire de sa présidence pour se démarquer de la corruption ? Là encore, il faudrait s’attendre à ce que le poisson espère retrouver de ses bouffées d’oxygène hors de l’eau.

M. Moïse, en entamant ce mercredi 7 février 2018, la deuxième année de son quinquennat, est arrivé à un grand défi aussi effarant que celui de faire avaler, sans aucune forme de procès, l’acceptation de la dilapidation de fonds de Petro Caribe par des indexés Belelrive, Lamothe, Laleau et Jovenel Moise lui-même. Comment s’assurer la continuité de son parti au pouvoir sans un CEP acquis à sa dévotion ? Seule la pratique de la corruption dans l’adoption d’attitude abjecte, pourrait permettre à des anciens conseillers électoraux de revenir en charge pour n’avoir rien accompli d’extraordinaire dans le passé. Pour cela, ces heureux choisis, indubitablement, lui sera à jamais redevable.  Tout au moins pendant 9 années.

À quand la fin de la corruption en Haïti ? Fè pwomès se pa yon bilan, il faut avancer des preuves tangibles et irréfutables. Nous plaisons-nous à nous faire passer pour un « pays de merde» avec l’impunité régnant en maître ? Accorder l’autonomie à la Justice, Monsieur le président, en commençant par le retrait et la dénonciation des 50 juges corrompus, car le 7 février 1986 n’a pas été fait pour un homme, un parti ou encore moins un petit groupe restreint de profiteurs, les mêmes d’hier et d’aujourd’hui.

Il viendra un jour où personne, même celui qui se prend pour être un animal politique, ne pourra plus arriver à mettre la réalité en sommeil pour nous bercer d’illusions, alors que le pays s’enfonce inexorablement dans la merde. Ah « 7 février 1986« , si seulement l’on pouvait savoir que, 32 ans plus tard, tu allais avoir un visage aussi répugnant et défiguré, une population appauvrie et assoiffée de justice, un élargissement du fossé entre la classe dominante et les mandants, à quoi aurait servi l’assassinat des 3 jeunes à Gonaives le 28 novembre 1985, pour donner à Haïti ce jour-là sa deuxième indépendance ! On note encore que, malgré sa volonté affichée, le président Jovenel Moise aura échoué dans sa lutte contre la corruption, fléau endémique, et le rapport de Petro Caribe en phase d’acheminement à la Cour Supérieure des Comptes, sans être sanctionné par les sénateurs pro-pouvoir sans gêne aucune, en dit davantage.

cba
(texte extrait de Haïti-Observateur/édition du mercredi 7 au 14 février 2018)